Le Musée du Louvre et la Joconde, l'Uffizi et Le Printemps, le Neues Museum et le buste de Néfertiti... Chaque musée expose fièrement ses joyaux et autres chefs-d'œuvre de renommée mondiale dont la célébrité est à jamais liée au nom de l'institution! En ce qui concerne les herbiers, ces trésors sont beaucoup plus intimistes et comprennent principalement des plantes séchées relativement bien conservées et collées ad vitam aeternam sur une feuille de papier. Certains spécimens se réfèrent directement à la description de nouvelles espèces (les fameux "types) et sont d'une importance inestimable pour les botanistes, tandis que d'autres ont été échantillonnés par des naturalistes célèbres et fournissent des informations précieuses pour les historiens et les biographes. L'herbier de Hess à Zurich est l'un de ces joyaux cachés qui associe subtilement proéminence scientifique, valeur historique et esthétisme.
Hans Ernst Hess, né le 10 avril 1920 à Rubingen, a commencé sa carrière en botanique dans les années 1950, avant d'être nommé conservateur (1965) et promu professeur titulaire de Botanique Spéciale à l'ETH de Zurich (1974). Au cours de sa jeunesse, Hess collecte abondamment, qu'il s'agisse d'espèces suisses, de Strophanthus, genre médicinal africain reconnu pour sa richesse en glycosides cardiaques (1950, mission Ciba en Afrique Centrale), ou de représentants divers de la flore de l'Angola, contrée où il a passé plus d'un an en compagnie de son épouse, ne rassemblant pas moins de 6,000 spécimens (1951-52). Cette collection angolaise constitue probablement l'un des acomptes floristiques les plus importants pour un pays dont l'accès est demeuré problématique pendant des années en raison de la guerre civile. Malheureusement, ce trésor botanique est resté longtemps caché et méconnu.
Les choses commencent à bouger en 2016, lorsque les Drs. Guggisberg (conservatrice de l’ETH de Zurich) et Nyffeler (conservateur de l’Université de Zurich) se lancent dans un projet ambitieux financé par la Bibliothèque et les Archives de l'ETH et visant, à long terme, à numériser la totalité des collections de l'Herbier Unifié de Zurich, une première priorité étant donnée aux spécimens de Hess. Ce choix est évidemment motivé par des raisons historiques et scientifiques, mais également artistiques. En effet, la plupart des échantillons sont si bien conservés que chacun d'entre eux pourrait être considéré comme un chef-d'œuvre unique, attendant de dévoiler sa beauté intrinsèque.